lundi 9 mars 2015

Thaïlande - Le Triangle d'or, Mae Salong

Depuis Chiang Saen, un premier bus devait nous arrêter à Mae Chan, puis un second bus nous emmener à Mae Salong dans la montagne. En pratique ce n'était pas si simple. À Mae Chan, une voiturette bleue utilisée comme transport public (Songthaew) attendait de trouver ses 8 passagers pour rejoindre Mae Salong. Nous avons rencontré Feng (prononcé 'Phone'), une chinoise en voyage en Thailande. Avec Feng nous étions 3, puis personne d'autre.  Après 1h d'attente c'était pas gagné, alors plutôt que d'attendre ou de se partager en 3 le coût de 8 passagers, et bien on a décidé de partir en stop. Et Feng est venue avec nous. Seuls 30 kms nous séparaient de Mae Salong. 1h15 et 4 voitures plus tard, nous sommes rendus dans ce petit village de montagne, soleil au Zénith et l'après-midi devant nous. Avec notre nouvelle amie Feng, nous avons commencé par une petite promenade découverte vers le temple du village, d'où on a pu admirer le point de vue. Feng s'est avéré être une alliée qui tombe à pic car Mae Salong est majoritairement peuplée de chinois d'origine, ayant fui la Chine communiste au milieu du XX eme siecle. Alors à Mae Salong, savoir parler chinois est un atout !
Le déroulement de notre journée du lendemain sera encore plus inattendu. Parés à 6h du matin pour visiter le Morning Market (5h30-9h), on a eu le plaisir de commencer par un ptit déj qui fait plaisir: café et churros tout chaud ! Puis en quittant le marché, nous avons rencontré des femmes Akha à l'arrière d'un pick up, prêtes à partir travailler à la plantation de café. Nous n'avons pas été longs à convaincre pour les accompagner, et Feng se joindra à nous. 30 minutes de route à l'arrière du pick up, bien accrochés, grimpant de plus en plus vers des routes de moins en moins fréquentées. 9h du matin et nous voici tous les 3 en ligne avec le groupe, munis d'une pioche, prêts à bêcher le champ pour déraciner les mauvaises herbes. Elles n'en revenaient pas de notre motivation et notre engouement à leur prêter main forte. Voilà encore une autre façon de partager des moments simples avec les communautés locales. Elles insisteront à plusieurs reprises pour qu'on arrête de travailler, on se sera contenté de partager leurs temps de pause, durant lesquels elle ne perdent pas une minute pour reprendre leur broderie qui leur permettra d'arrondir leurs revenus par la vente de leur artisanat, une journée de dure labeur dans les champs de café leur rapporte à peine 6€....
J'avoue m'être défilée une fois arrivée en haut de la pente, pour aller rejoindre l'une d'elle qui s'attelait à la préparation du déjeuner. J'ai du trouver diverses subtilités pour parvenir enfin à me laisser l'assister. D'un cri, elle a annoncé à ses collègues que le repas était prêt, tout le monde nous a rejoint quelques minutes après autour d'une table de fortune, des grandes feuilles de bananier disposées sur le sol. C'était visiblement un plaisir partagé que de se retrouver tous ensemble autour de ce repas plutôt copieux et savoureux. Après une courte sieste, nous avons poursuivi le travail une heure encore avant de dire au revoir à nos collègues d'un jour et de reprendre à pied le chemin du retour. Nous avons à peine marché 45 minutes jusqu'au premier village puis nous sommes monté à bord d'un pick up qui justement se rendait à Mae Salong. C'est un avantage en Thaïlande car les gens qui circulent en voiture utilisent majoritairement un pick up. Quelle chance parce qu'à part des 2 roues ça ne circulait pas tant que ça sur cette route de montagne. Encore de chouettes souvenirs à garder en mémoire. On aura partagé de nombreux moments avec des locaux mais jamais comme celui-là, unis dans l'effort.
Nos prochains jours dans la région nous permettront de partir à la rencontre des tribus en nous rendant directement dans leurs villages. Plus reculés ils sont et plus on a de chance de faire des rencontres authentiques, pas encore biaisées par le tourisme et l'attrait de l'argent qu'il y a à en tirer. Nous avons rencontré d'autres Akha avec qui nous avons partagé un repas, nous leur avions apporté des churros et des tomates afin de créer le contact. Pas toujours évident lorsqu'on ne parle pas leur langue. 
Plus tard nous avons également plaisanté avec des Lisus, vêtues d'habits très colorés, et de chapeaux ronds et plats bordés de franges multicolores. Nous voulions également partir à la rencontre de femmes Karen, communément appelées femmes-girafes étant donné leur coutume de superposer des anneaux dorés autour du cou dès la jeune enfance. Malheureusement le gouvernement Thai profite de leur situation précaire pour exploiter leur coutume et créer des villages à l'accès payant où des cars de touristes défilent à longueur de journée pour les prendre en photo et 'éventuellement' leur acheter de l'artisanat. Nous n'avons pas voulu participer à cela, alors on s'est abstenu de rencontrer les femmes Karen. 
Pour consoler notre curiosité, on a roulé en sens opposé, jusqu'aux plantations de thé cette fois, un groupe de travailleur s'affairait à cueillir les jeunes pousses. C'est toujours un plaisir de nourrir sa culture personnelle en apprenant l'origine des choses qui font parties de notre quotidien, et en nous rendant compte de la vie que d'autres mènent, si différente des nôtres.

On s'est gardé une journée au calme, à pied, court instant nécessaire pour préparer la suite. Demain nous partons finalement pour Chiang Mai, pour découvrir tout de même son vieux quartier, et s'offrir une journée avec des éléphants, emblème du pays, et dans un centre réputé pour respecter les animaux, ce qui n'est pas commun en Thaïlande visiblement, et ce qui fait de Chiang Mai un incontournable tout compte fait.













































































dimanche 8 mars 2015

Thaïlande - Le Triangle d'or, Chiang Saen




Tous les gens que nous rencontrions arrivaient de chiang mai ou se dirigeaient vers chiang mai. Cette ville du nord de la thailande, plaque tournante des randonnées en montagnes pour visiter les minorités ethniques, ou se balader à dos d'éléphant. Mais nous on ne voulait pas faire comme tout le monde. Alors on est parti encore plus au nord, à chiang rai. Sauf que chiang rai c'est encore bien trop grand, alors on a poussé jusqu'à chiang saen, cette ville de 11000 habitants qui longe le Mékong, et d'où l'on aperçoit le laos sur l'autre rive. On a d'ailleurs profité d'un joli feu d'artifices qui se déroulait au Laos en célébration du nouvel an chinois, il est tombé pendant que nous dînions en terrasse sur le bord du Mékong.

On a loué un scoot sur 4 jours pour pouvoir découvrir les environs. On se trouvait dans cette région qu'on appelle le triangle d'or, car il n'y a pas si longtemps, cette région qui formait comme un triangle entre le nord de la Thaïlande, l'est de la Birmanie et l'ouest du Laos était très lucrative en raison de sa forte production d'opium. À quelques kms de Chiang Saen, on peut donc se rendre sur ce point de vue d'où l'on peut voir le Laos et la Birmanie/Myanmar, en même temps. La Reine mère a depuis l'interdiction des cultures d'opium réhabilité la région en permettant aux ethnies minoritaires de cultiver d'autres plantes comme le thé ou le café. Elle y a aussi fait bâtir le Hall de l'Opium, musée géant sur 2 étages d'une créativité étonnante et réussie. Ce musée retrace la thématique de l'opium de sa culture à son histoire, sans oublier d'expliquer ses dérivés aussi divers que la morphine, la codéine et même l'héroïne.
Après cette petite halte culturelle, nous sommes partis à la recherche du côté traditionnel. Nous avons suivi des chemins de terre pour s'enfoncer dans les campagnes. Lorsque le soleil poursuit sa descente vers l'ouest, le paysage est   d'une beauté exceptionnelle. Comment ne pas apprécier le contraste des couleurs entre le rouge de la terre, le bleu du ciel, le vert éclatant des rizières, et ces nuages de poussière qui se soulèvent du sol au passage des troupeaux de buffles. On s'est d'ailleurs retrouvé au croisement de plusieurs troupeaux qui avançaient d'un pas rapide. On les retrouvera plus tard pour l'heure du bain, une étendue d'eau par laquelle les troupeaux se succèdent pour la baignade quotidienne, chouette spectacle. Puis nous sommes repartis tranquillement, longeant les plantations d'ananas, de manioc, de maïs, de tabac et plus encore... Nous n'avons pas encore découvert un de ces quelques champs d'opium  qui demeure illégalement. 
Sur l'aspect ethnique, de nombreuses tribus habitent le nord de la Thaïlande, originaires du Tibet, de Chine, du Cambodge ou de Birmanie pour la plupart, de confession animiste, agriculteurs en majorité. Ce sont les Karen, les Lahu, les H'mongs, les Akha et bien plus encore. On a visité un village Akha, des gens discrets mais souriants ; puis un village Lahu en pleine célébration festive, entre grandes tablées arrosées et jeux d'argent réunissant petits et grands étonnamment. Nous avons rencontré Tuktu, cette jeune thaïlandaise de 34 ans qui nous a invité chez elle, nous a donné de l'eau, puis nous a escorté à ce village Lahu. Elle voulait que nous restions dormir, mais nous devions repartir pour Chiang Saen à 30 km. Avant de se séparer, elle nous a convié à une sorte de réunion municipale où nous avons été très bien accueilli, on nous a servi le café et confiseries locales, on n'aura pas compris grand chose mais cela nous aura fait une pause à l'ombre bien appréciable :-) Toujours autant de générosité de la part des gens que nous rencontrons sur notre route. Une belle leçon d'ouverture d'esprit.

Le jour du départ est arrivé, on nous escorte à moto avec nos gros sacs jusqu'au bus devant nous conduire à mi-parcours. On a pris le temps de petit déjeuner cette savoureuse soupe de nouilles au marché, à notre
stand favori, avant de grimper à bord du bus local direction Mae Chan.