Depuis Bac Ha, on s'est dirigé vers la ville de Lao Cai à 1h de route pour prendre le bus de 12h30 pour Ha Giang. Et on a bien failli rester plantés au terminal de bus. Et pour cause ! On a du rencontrer le Vietnamien le plus entêté et capricieux du Vietnam, je lui aurai presque attribué des origines chinoises étant donné ses traits de visage et son obstination. En basse saison, il s'avère que nous étions les deux seuls étrangers à vouloir prendre ce bus, donc son unique opportunité de se faire des sous sur notre dos. Il nous a dit qu'il était le chauffeur du bus, et qu'on devait payer l'équivalent de deux billets pour nos bagages, un peu comme si nous étions quatre personnes à vouloir prendre le bus. Un peu gonflé. On est resté fermes sur notre position parce qu'on trouvait l'argument un peu trop gros pour être vrai. Sauf qu'on s'est vite rendu compte qu'on avait à faire à une sorte de grand gamin capricieux. Le ton est monté, il balançait sa tête en signe de désapprobation, criait "No !" et allait jusqu'à taper du pied ! En gros, si on ne payait pas pour les bagages on ne montait pas dans le bus. Sauf que nous on en avait décidé autrement. Surtout que nous étions dans notre plein droit ! Alors j'ai profité qu'il s'éloigne un court instant pour monter dans le bus avec mon gros sac et tout caler à ma place, pour prouver qu'on ne prenait pas la place d'un autre passager éventuel. Bon, ok, une fois calée je pouvais plus bouger, mais la scène était tellement ridicule ! Laurent a voulu faire de même et le jeune capricieux semblait vraiment fâché. Voilà qu'il fait opposition de son corps pour l'empêcher de s'installer. Ça aura beaucoup plu à Laurent. Il l'a attrapé et l'a secoué un bon coup. Ça lui aura calmé ses ardeurs pour un moment, et par la suite ses plaintes étaient bien moins affirmées. Il répétait maintenant sans conviction que nous devions descendre du bus, je tentais de lui parler calmement, de le raisonner, je lui ai même proposé un bonbon, mais il se bouchait les oreilles en secouant la tête ! Je rêve !
Puis, le 'vrai' chauffeur est arrivé, sa mission: faire partir le bus à l'heure, donc on a démarré, rejoint la sortie du terminal, et notre grand gamin capricieux a du se résoudre à descendre du bus.... LOL On a accepté de lâcher l'équivalent de 80 centimes d'euros pour les bagages, en plus de nos billets individuels, et encore on n'avait pas à le faire ! Bref, le bus était à peine plein, on a pu changer de place et se mettre à l'aise, et on a bien ri en repensant à tout ça parce que c'était quand même du grand n'importe quoi !
Arrivés à destination, on a trouvé un petit hôtel sans prétention à 1km du centre-ville. Il s'agissait surtout d'un point de chute car nous planifions de louer un scooter pour découvrir les environs, paysages de montagnes, formations de roches calcaires et rizières en terrasse. Finalement ce sera une moto à vitesses, et au bout d'une journée complète, 100km A/R, je déclare officieusement que Laurent a mérité son permis moto ;-)
Le temps était plutôt clair ce qui nous a permis de bien apprécier le paysage. On s'est arrêté peu avant Quanh Ba pour nous promener dans les champs, vers ce petit village qui semblait si charmant depuis la route. On s'habitue vite aux regards surpris des habitants, qui ne doivent pas souvent croiser des étrangers au milieu des rizières et plantations de choux, navets ou autre... Mais c'est tout de même avec le sourire qu'on répondait à nos 'Xin chào' enjoués (Bonjour en vietnamien, prononcé 'sin chao'). On a croisé une dame âgée qui ramenait, pieds nus, son buffle. La pauvre ! Il faisait tout de même froid pour être nus pieds. Au cours de la ballade, on a aussi croisé May (décidément ce prénom est très répandu et bon présage je dirais). Elle était accroupie près de la rivière, en train de laver des navets, accompagnée de sa fille. Encore une fois ce sourire dont on ne se lasse pas, ce sourire qui en dit long sur la sincérité, la spontanéité et la générosité des gens. Qu'à cela ne tienne. Nous voilà accroupis nous aussi, Laurent à rincer et couper le bout des navets, moi à les éplucher. Puis Laurent a été sommé d'entrer dans la maison où le mari attendait et que le thé avait été servi. Puis May nous a entraînés dans un enclos qui hébergeait les porcs et les buffles. Elle s'est lancé dans une explication de ses tâches quotidiennes, la cueillette de nourriture pour les bêtes, les labours des rizières, les plantations.... On comprendra par la suite que c'était là une excuse pour qu'on ne voit pas que pendant ce temps ses filles avaient dressé la table pour la famille et pour nous aussi ! Ils font toujours ça dans notre dos ! Quel humilité je trouve... Alors c'est drôle, car personne ne parle anglais, nous toujours pas vietnamien, et pourtant on aura partagé un de ces moments riches en échanges. Un moment inoubliable. Comme quoi quelques heures suffisent, je dirais même quelques minutes pour créer des instants simples mais plein de bons sentiments. C'était juste génial. Et en plus, le soleil si timide a enfin sorti son bout de nez. Alors il était temps pour nous de reprendre notre route, pour apprécier le panorama de la région, avant de rebrousser chemin avant la tombée de la nuit.
Message pour les blinois et aux environs : mon retour a Bangkok s'est bien passe, l'aventure continue!
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