mardi 30 décembre 2014

Indonésie - Les îles Togians, Malenge

Les îles Togians, en voilà une belle destination pour achever notre séjour en Indonésie, c'est un peu la cerise sur le gâteau, et elle se mérite la cerise ! Une première voiture nous a déposé à un carrefour après 4h de route, pour qu'une seconde voiture nous récupère 30 min plus tard pour faire les 3 dernières heures qui nous séparaient de Ampana, point de départ des ferries pour les îles Togians. Le second chauffeur se prenait pour un pilote de rallye alors qu'on roulait sur des routes de montagne très sinueuses et qu'on traversait des villages de nuit, on a failli provoquer un accident et la vieille dame à côté de moi a tellement eu peur qu'elle m'a frappé sur la cuisse avec une force qui traduisait l'intensité de sa frayeur, elle a d'ailleurs sermonné le conducteur un peu comme si c'était son fils. Ça a jeté un froid dans la voiture, mais bon encore un peu de patience nous n'étions plus très loin. 
On a eu une bonne nuit pour reprendre des forces avant une nouvelle journée de transport...en bateau cette fois-ci. Et en Indonésie mieux vaut arriver en avance car les bateaux n'hésitent pas à partir avant l'heure !  On a réussi à se trouver une place dans un foutoir à peine organisé, on était jonchés sur le pont au milieu des locaux, des bagages, des motos et colis en tous genre, des femmes qui se frayaient un chemin tant bien que mal pour vendre bananes frites et épis de maïs. C'est une expérience à vivre car l'ambiance est assez particulière mais conviviale tout de même.
Et nous voilà ainsi partis pour 8h de trajet car nous avions choisi de pousser jusqu'à l'île de Malenge.
Nous y avons rencontré beaucoup de monde. Michel et Nadine, un couple grenoblois passionné de voyages qui accordent parfaitement vie professionnelle et trois mois de vacances à l'année (parce que c'est nécessaire) depuis des décennies maintenant, une jeune française ayant travaillé dans les cultures de cannabis aux USA et sirotant sa petite fiole de THC (dans le pays où Michaël Blanc a passé 14 ans en détention), ou encore un russe soutenant Poutine, trouvant que les démocraties moulinent de trop et souhaitant par dessus tout une Russie forte, pas pour l'économie ou le social ou autre, non, forte pour forte, par idéologie. Du coup on n'a pas vu le temps passer. 
Nous sommes arrivés à la nuit tombée au port de l'île de Malenge, où nous avons pris un autre bateau (et oui encore ! J'vous l'ai dit les Togians ça se mérite !). Mais ce dernier bout de trajet nous a permis de rejoindre notre hébergement isolé entre terre et mer, une terre envahie par la végétation, une mer infinie où les seuls habitants à proximité sont d'anciens peuples nomades bajaus.
Nous étions seuls à loger là pour les trois prochaines nuits, à l'exception du voyageur russe et du personnel bien entendu. Nous avons pris possession de notre bungalow, et là, surprise au réveil : nous sommes face à la mer, un petit ponton qui débouche sur une terrasse en bois surplombant le lagon, des hamacs un peu partout, quelques palmiers pour agrémenter ce décor de carte postal, un canoë en bois en bord de plage à notre disposition, personne à l'horizon...le rêve :-) On a pris plaisir à découvrir les fonds marins, des bancs de milliers de poissons ne bronchaient même pas à notre arrivée, j'ai même pu voir  un poisson clown ! Nemo pour les novices ;-) Pour se reposer de tant d'efforts, rien de tel qu'un peu de lecture vautrés sur nos hamacs. Pour une fois on a à se soucier de rien ! On vient nous chercher lorsque le repas est prêt :-) En effet, vu l'isolement, la formule prévoit hébergement en pension complète. Et c'était vraiment très bon, du thon frais, des beignets de légumes, de la salade, et l'incontournable riz blanc.
On s'est laissé tenter pour une virée de quelques heures sur ce qu'ils appellent le reef n5, un récif propice à une bonne séance de snorkeling, des fonds marins encore préservés, un aquarium en réel, des coraux multicolores et de toutes formes, plusieurs espèces de poissons, c'était vraiment super beau, ça avait même un côté magique. Vivent le masque et tubas ;-)
Plus tard dans la journée, après une sieste bien méritée, nous avons pris le canoë pour rejoindre le village bajaus, et nous imprégner un peu de cet autre visage de l'Indonésie. Je garde en mémoire le rire des enfants qui ne fait qu'accentuer l'impression d'avoir atteint un vrai p'tit coin de paradis. À peine deux jours et il était déjà temps de repartir, il faut être prudent avec les Togians car il y a seulement 2 bateaux par semaine pour en repartir, et on a bien veillé à arriver au port en avance. C'était bien vu car on est parti bien en avance une fois encore. On a eu droit à une bonne nuit de sommeil dans la cabine de l'adjoint du capitaine avant de reprendre une voiture pour Manado, pointe nord de Sulawesi, en compagnie de Nadine et Michel qu'on a retrouvé sur le bateau du retour. Vous allez vous dire qu'on le fait exprès et que c'est inimaginable de prendre autant de transport et de faire autant de trajet ! Mais il y a en effet un tas de destinations pas toujours aisément accessibles, et quand on est curieux on prend la peine d'y aller et le résultat est le plus souvent plein de surprises. Et je crois bien que là est notre moteur. 
À Manado nous avons fait quelques tâches admin, Laurent a quand même trouvé l'opportunité de goûter à de la chauve-souris grillée, avant de reprendre l'avion et de dire au revoir à Sulawesi, et à bientôt à l'Indonésie qui regorge de multiples facettes à explorer.











Bord de mer face a notre bungalow

Le village Bajaus








 












mercredi 24 décembre 2014

Indonésie - Morowali - A la rencontre des Wanas


Le moment était venu de nous intéresser à l’excursion en forêt.
La surprise fut de taille quand après recherches on s’aperçut que sur l’íle Sulawesi 90% de la forêt primaire avait disparue (en grande partie dû aux plantations visant à produire l’huile de palme) et que les quelques sites envisageables s’apparentaient plus à de ‘’grands bois’’ dans lesquels en quelques heures nous pouvions assurément apercevoir moultes animaux (ce qui ressemblait à un grand zoo). Non, cela ne nous satisfaisait pas et nous comprîmes rapidement que notre excursion allait s'avérer bien plus compliquée que prévue. Nous avons alors regardé de plus près les îles de Bornéo et de Sumatra, là aussi les forêts primaires avaient disparues comme neige au soleil et les prix des excursions en plus du vol étaient exorbitants (entendez par là prix européens). Après de longues recherches et un peu de désillusion (faut bien l’avouer) et de dégoût pour l’éradication des forêts, nous sommes tombés de manière inespérée sur la solution : elle s’appelait ‘’Morowali”! Difficile à trouver et pour cause une moyenne de 20 touristes à l’année. Il s’agissait bien de forêt primaire peuplée d’indiens appelés “Wanas”; qui plus est nous n’avions pas à changer d'île. Le programme était on ne peut plus intéressant et nous étions regonflés !
Apres s’être rendu a Konolodale, bourguade portuaire aux portes de la réserve, il fallait maintenant trouver un guide car il était quasiment impossible d’entrer en terre inconnue sans guide local qui plus est nous permettant de pouvoir échanger avec les indiens. Ces derniers parlant le Wana. Le premier guide, Marten avait un fort capital sympathie, parlait un anglais parfait mais proposait l'excursion de 4 jours pour 8 000 000 de rupiah (530€). Le prix est exorbitant en Indonésie et pour nos bourses également. Sa proposition faisait que 5 personnes nous escortaient... juste pour nous 2! Un peu abusé tout de même. Nous avons recherché de nouveaux guides mais la plupart avaient mauvaise réputation, ‘’fightaient’’ et demandaient des bonus à la fin. Vraiment pas simple... Puis nous sommes tombé sur Arjeran : sympathique, timide comprenant un peu l’anglais mais ce qui nous aura le plus étonné était qu'il ne savait pas situer les villages sur la carte, avait une idée vague des distances entre les villages qui évoluaient constamment, répondait souvent ‘’maybe’’... et nous avoua qu'il ne connaissait pas bien les chemins. Le tout pour à peine 2 000 000 de rupiah. Après tout pourquoi pas lui, moins cher et ses approximations en nombre nous donnaient déjà un goût d’aventure. OK pour Arjeran!

Quand nous sommes parti pour le rendez vous du 1er jour, il n'était pas à l’heure, enfin surtout en retard. Quand 25 minutes plus tard nous l'avons appelé, il était tranquillement à un nouveau point de rendez-vous qu’il s'était lui même posé. Passé ce détail de mise en route, nous avons pris une petite embarcation et nous avons traversé la baie des 2 heures qui nous séparaient de la réserve Morowali. Arrivés sur la terre ferme nous sommes enfin parti nous engouffrer dans la forêt, aussi excitant qu'attendu cela nous mettait en joie. D’autant qu'après une heure de marche nous sommes tombés à quelques mètres d'un beau ‘’black snake’’. Le ton était donné !
L’objectif était d’atteindre un village à 9 kms pour y dormir. De traversées de forêts, de rivières, de maisons wana, le jour tombait et on trouva juste avant la nuit le village, il était temps. Deux maisons, 3 couples, des enfants et des animaux dont une grande chauve-souris... le tout en plein milieu de nulle part. L’accueil fut chaleureux, notre impromptue visite ne les dérangeait pas le moins du monde. D’autant que recevoir Arjeran est toujours positif... en effet quelques temps plus tard nous avons compris que notre guide venait en aide aux Wanas via une association française pour leurs apporter des médicaments. Ce dernier point il ne s’en était pas vanté mais il nous sera d’une grande utilité pour nous rapprocher des Wanas par la suite. Nous ne parlons pas la même langue mais les regards parlent puis après quelques minutes d’observation tout le monde retrouve ses aises. Les sourires et les rigolades tout en faisant la popotte. La soirée fut agréable et nous allons nous coucher (à même le sol sur une paillasse) pour un sommeil bien mérité. C’est un plaisir intense : pas de mur, le bruit de la rivière, les bruits d’animaux et le réveil en douceur avec les couleurs rosées du levé de soleil... Après une longue baignade matinale dans la rivière et un copieux petit déjeuné, nous partons direction Marisa. C’est le village principale de la réserve où vit entre autre le chef Wana. Ceci dit il n’y a guère plus d’une dizaine de maisons. C’est ici chez Rey que nous passerons la nuit. Dans la journée nous en profiterons pour rendre visite au chef du village et randonner jusqu’à la montagne. Le chemin est très agréable et notre guide nous fait rire car il demande toujours à faire des pauses.
Dans l’ensemble, à part quelques approximations, on s’en est plutôt bien tiré pour l’orientation. Le seul hic était pour le retour. Nous avions rendez-vous à 10 heures à un endroit situé près de la rivière et voila qu'ayant perdu le chemin Arjeran se met à faire une traversée dans la forêt. Il coupe, il coupe, la végétation s’intensifie et au bout de quelques minutes nous sommes perdus. Du vert dense, très dense nous plonge dans l’ombre. On ne voit pas où on met les pieds, on s’accroche dans les épines, des toiles d’araignée partout et la visibilité est nulle. Fallait bien que ça arrive ;-) Heureusement après un bon moment à ’’couper la forêt’’ on en est ressorti ! L’histoire se termine bien et nous reprenons le bateau qui nous attend pour clore cette belle aventure chez les Wanas. Nous en garderons un excellent souvenir, merci Arjeran, merci les Wanas.

PS : pour ceux qui veulent en savoir davantage sur la culture wana, il y a une collection de documentaires français intitulés ‘’ taw wana’’ réalisé par Gérard Nougarol et Martine Journet. Nous ne les avons pas visionnés mais nous en avons eu de très bons échos.



Konolodale





Les forets disparaissent...




En route !




Notre piroguier


Black snake


Jeune maman Wana et son bebe




Le km 9





Un animal de compagnie : une chauve-souris geante


Notre lit douillet





Village de Marisa











La salle de bain



samedi 20 décembre 2014

Indonésie - Tentena et le lac Poso


22h, le bus s'arrête en bord de route, les visages se tournent vers nous, tout le monde sait que l'on va à Tentena, visiblement nous sommes arrivés à destination. On avait prévu l'hôtel et le patron nous avait dit de l'appeler en arrivant, on a eu du mal à le joindre car celui-ci avait commencé sa nuit...tant pis, on avait prévenu, donc il est venu nous récupérer. Faire 3km, de nuit, dans une ville inconnue avec nos gros sacs à dos, et notre sac de course qu'on se trainait encore, ça ne nous tentait pas plus que ça. Oui, pour la petite histoire, en Amérique latine et en Polynésie on avait la possibilité de cuisiner, donc avec le temps on avait accumulé le nécessaire type condiments, sauces, riz, spaghetti etc...bien pratique mais du coup on se trimballait tout ça en plus. On était pas encore prêts à s'en séparer, on sait jamais ;-)
Le lendemain matin, de plein jour, on y voit quand même beaucoup plus clair, notre hôtel était pas si sympathique et un peu cher, alors on a changé pour un p'tit hotel bien chouette, le Tropicana, situé en haut d'une côte, tenu par un couple âgé très agréable, et bien qu'ils ne parlaient pas anglais et nous très peu indonésien, on a réussi à très bien s'entendre. Sans regrets. On a déménagé nos affaires en 2 aller-retour de scooter, tant qu'à faire, on avait choisi d'en louer un pour 24h afin d'explorer les points d'intérêts du coin. Tentena est située à l'embouchure du lac Poso, d'ailleurs depuis l'hôtel on avait une vue dégagée sur ce paysage paisible, quelques maisons en bois en bordure, sur pilotis, et des pièges à anguilles à la jonction entre le lac et la rivière du même nom. Un pont reliant les deux rives de la ville. Seulement ce jour là les nuages s'amoncelaient à grande vitesse, le ciel commençait à virer au gris foncé, le tonnerre grondait au loin, c'était le moment idéal pour fuir l'orage qui se profilait et entamer notre visite en scooter. Ça tombait bien on partait du bon côté en direction de la cascade de Saluopa. On a ainsi traversé les villages, se faisant saluer par les habitants et surtout les enfants qui se précipitaient à l'extérieur des maisons comme si la rumeur courait qu'un couple de touriste allait passer par là. Pas des stars hyper célèbres, non, non, juste des touristes :-) c'est assez drôle à voir. 
Après une halte à la cascade, nous sommes allé faire un tour sur la plage de Siuri, une joli plage de sable qui donne...sur le lac ! C'est un lac particulièrement profond et qui fait plus de 300 km2 de superficie, y a même des petites vagues, on se croirait presque à la mer. Mais bon, il est temps de rebrousser chemin car l'orage se rapproche, et on n'y a pas coupé ! Il a suffit des derniers kilomètres pour que l'on se fasse tremper. C'est le jeu ! Apparemment à Tentena il y a souvent de la pluie en fin d'après midi. 
Le lendemain le soleil était revenu, nous sommes parti à l'aube nous poser sur les rochers de Watu Pangasa Angaa, Laurent a même tenté un peu de snorkeling dans les eaux claires du lac.
On pensait quitter Tentena pour poursuivre notre voyage mais une discussion sur les bords du lac avec un local à observer des anguilles fraîchement pêchées en a décidé autrement. Rama habite tout prêt, il a un petit restaurant mais son hobby c'est la pêche, il a même son petit bateau, et nous propose très gentiment de l'accompagner le lendemain. On a passé la matinée à pêcher le 'mujair' (similaire à la perche) avec un montage à trois hameçons qui nous aura permis de faire de belles prises, triples pour ces messieurs, moi je me suis contenté de prises doubles ;-) Il nous a montré qu'il entreposait les poissons dans ce qu'ils appellent un 'caramba', sorte d'enclos disposé sur le côté de la maison, au niveau du lac, un peu comme un aquarium géant sauf que là ce sont des poissons destinés à être mangé. Rama nous a invité à déjeuner et nous avons passé le restant de la journée avec lui et sa famille. Il est souvent bon de rester souple sur son programme, c'est la meilleure façon d'être ouvert à l'imprévu et aux moments riches en partage. 
Prochaine étape: Beteleme & Kolonodale, ou 'à la recherche d'un guide pour visiter la forêt de Morowali'.