Nous avons choisi l'île de Sulawesi et nous avons bien fait ! Car rien que sur cette île, on découvre des modes de vie bien distincts, selon que l'on soit en bord de mer, en ville, dans les terres, près d'un lac ou bien dans la jungle tropicale.
Après une première alte à Bira, nous voilà de retour à Makassar (la grande ville). On a eu l'air un peu surpris lorsque le taxi nous a déposé devant les grandes baies vitrées du New Legend Hotel, majordome, carrelage impeccable, réception nickel.... Vanessa se tourne vers moi l'air circonspect et me dit: "la chambre standard est à 350000 roupiah" (environ 23€ ce qui correspond à du haut standing en Indonesie). Pourtant au téléphone j'avais parlé à une dame agréable, Rina, qui m'avait annoncé la chambre à 150000 roupiah... Ah ! Rina ! Et voilà la réceptionniste, qui nous indique qu'on cherche en fait le New Legend Hostel un peu plus loin à 100 mètres. Trottoir cassé, devanture vieillotte, cachée derrière les scooters garés. En effet, on est dans la version 'cheap' du premier hôtel où on nous a déposés. Des chambres qui sentent l'humidité, pas de fenêtre, un pan de mur décollé par l'humidité, des toilettes curieusement surélevés (probablement de fabrication masculine), une chasse d'eau sans couvercle...bref, un hébergement très très sommaire.
Heureusement, nous sommes ici en transit, le temps de faire étendre notre visa, de trouver une nouvelle batterie pour le téléphone de Laurent, et de s'équiper d'un numéro local. Rina nous aidera pour l'extension de visa, faisant passer notre demande en priorité par le biais de ses connaissances au bureau d'immigration. 2 aller/retour en bémo (transport public) au bureau d'immigration pour obtenir la validation dans la journée ! Record battu :-)
À part ces quelques formalités, nous avons eu le plaisir de partager un dernier après-midi avec les filles, Carlota et Vanessa, et on clôturera la soirée sur un resto très sympa, avec aller/retour en tuc tuc oblige :-) pour mon plus grand plaisir. Les filles, on aura passé des moments super sympas, peut être à bientôt côté Vendée ou côté Savoie pour partager vos soirées Génépi ;-)
Pour ce qui est des spécialités de Makassar, avec Laurent on a voulu tenter un dessert local, le 'pisang ljo' dont j'ai pris soin de mémoriser le nom car ce n'était pas trop à mon goût, on vous joint la photo pour vous faire une idée :-)
Défi relevé, à peine 48h à Makassar et nous voilà repartis en bus vers le Pays Toraja.
Là, on a complètement changé de décors, 10h de car et nous voici dans la vallée de Rantepao, au creux des montagnes, dans une région à majorité protestante, où les églises ont fait leur apparition après des centaines de kms bordés par des mosquées en veux-tu en voilà.
On utilise souvent notre première journée pour planifier notre séjour: point à l'office du tourisme, prospection d'un hôtel agréable avec négo tarifaire et choix d'un guide pour nos visites et trek en pays Toraja.
Tout était plié en une matinée, donc on pensait mériter une bonne sieste après un déjeuner copieux. Le hasard a quelque peu décalé le programme. Laurent s'est laissé prendre sans trop insister dans une partie de ballon improvisée avec des indonésiens du coin pourtant en pleine journée de travail ! Il avait repéré ces ballons en osier sur les étals, s'interrogeant sur l'efficacité de leur conception...et bien il aura eu l'occasion de le tester ! Un peu d'efforts physiques et encore un chouette moment à se rappeler. Puis on a retrouvé notre petite terrasse avec vue sur les montagnes pour souffler un peu. Laurent plongé dans des ouvrages sur la photo (il arrête jamais), moi à traduire la variété de plats indonésiens pour réduire les surprises à l'heure des repas :-)
Dès le lendemain, nous avons retrouvé notre guide Adi pour partir à la découverte du pays Toraja. Nous avons traversé les villages et nous avons pu apercevoir les élevages de porcs et de buffles, à la destinée bien particulière selon la tradition Toraja. Quasiment chaque foyer possède une ou plusieurs bêtes. On a d'ailleurs croisé certains porcs ficelés entre 2 bambous, et calés à l'arrière des motos, filant à vive allure vers l'une de ces nombreuses cérémonies funéraires, qui font l'attraction de la région. Nous nous dirigions justement vers le village Toraja de Batan où devait se dérouler l'étape finale d'une cérémonie funéraire, moment plus intime qui réunit la famille proche autour du défunt. Il s'agissait du doyen du village, Sapin âgé de plus de 90 ans. Le cercueil dont les côtés sont en forme de goutte d'eau est joliment peint avec des motifs aux couleurs rouge, doré, blanc et noir. Cet ensemble de détails témoigne de l'appartenance du village à la haute classe au sein de la communauté Toraja. On peut y ajouter d'autres détails comme la tête de buffle qui orne la maison principale et les cornes de buffles empilées sur un bambou disposé à la verticale sur la façade avant (façade toujours dirigée vers le nord).
L'accompagnement du défunt vers le Puya, paradis Toraja se fait en plusieurs étapes. La famille et les amis défilent pour présenter leurs dons au village: sucre, cigarettes, bêtes à sacrifier... Pour notre part nous avons apporté du sucre. Généralement des combats de buffles sont organisés, ainsi que des sacrifices de buffles, ou de porcs pour les propriétaires plus modestes. Afin de respecter toutes ces traditions, il peut se passer plus d'un an entre le décès d'une personne et son enterrement dans la roche (la terre étant préservée pour l'agriculture). Au village de Batan, nous avons pu assister à l'office d'une femme pasteur (village protestant), et à l'hommage rendu par les proches, en chansons la plupart du temps. Nous avons eu l'honneur de partager le repas traditionnel: buffle rôti, riz blanc et herbes amères revenues dans de l'ail, à manger avec les mains bien sûr ! Après le repas, les hommes de l'assemblée soulèvent le cercueil jusqu'au caveau familial, perché sur une petite colline. Pas très joviale comme expérience mais pour sûr des instants riches en émotions et un apprentissage culturel intéressant.
Plus tard, nous avons remis à notre guide une photo de la cérémonie, à transmettre à la famille pour les remercier de leur hospitalité.
Au cours de cette journée, nous avons pu observer de plus près la spécificité de ces maisons Toraja construites avec du bois, du bambou et du rotin pour le toit. Elles sont en forme de bateau, et alignées en face de maisons semblables mais plus petites, dédiées quant à elles à entreposer les récoltes de riz et autre nourriture.
Adi a également partagé avec nous les spécificités entre traditions protestante et animiste. Ces derniers érigèrent des mégalithes en l'honneur de leurs Dieux, ressemblance frappante avec les traditions bretonnes pourtant à des milliers de kms.
Pour notre deuxième journée, nous sommes parvenu à convaincre Adi de nous retrouver à 5h30 du matin pour commencer notre trek avec le levé du soleil. Nous sommes parti vers le nord de Rantepao, traversant les villages au milieu des rizières. C'est très agréable de marcher dès l'aube, d'être témoin de cette tranquillité des villages encore endormis, de voir les commerçants installer leurs échoppes, les femmes dans les champs à récolter de la nourriture pour les bêtes, et de croiser les enfants sur le chemin de l'école, pas encore assez réveillés pour crier le fameux 'Hello Mister' qu'on leur enseigne dès le plus jeune âge visiblement. Moi aussi d'ailleurs j'ai eu le droit à être appelée Mister...
Actuellement c'est la fin de la saison sèche, donc nous avons pu traverser les rizières et apercevoir des buffles imposants, hors de leur enclos, libres de se rouler dans la vase ou de se prélasser dans des plans d'eau. D'ailleurs, lors de cette promenade à travers champs, nous avons du franchir certains ponts de fortune fait en bambou, mais le bambou c'est rond et Adi a bien vu que je n'étais pas très à l'aise pour marcher en équilibre sur un support rond, et au prochain pont, m'a sommée d'un ton prévenant mais ferme tout de même de passer sur le côté pas encore trop inondé. Ne vous moquez pas de trop svp, à Paris les trottoirs sont plats :-)
Au total on aura marché 9h ! de quoi nous rappeler l'existence de certains muscles :-)
Un peu fatigués certes mais ravis de ces 2 jours avec Adi qui aura partagé son savoir et nous aura guidé en plein cœur du pays Toraja, au contact des habitants qui ont su conserver la langue Toraja, cultures et traditions.
Une nouvelle journée s'offre à nous avec son lot de surprises. C'est ce qu'il y a de plus beau dans les voyages, quand on croit planifier sa journée et que le hasard en décide autrement. On a commencé par se rendre au marche de Bolu qui a lieu tous les 6 jours. De prime abord un marché des plus classiques: légumes, condiments, fruits, épices, café.....textiles, produits en tout genre...et s'il on pousse un peu plus loin, à travers de gros camions, on foule un sol sableux, et c'est un champ de buffles qui se dévoile devant nos yeux. On se croirait un peu dans une arène où pour le coup les 'toréadors' ne font pas les malins devant ces bêtes robustes. Et elles sont à vendre ! entre environ 20 millions de roupiah et plus de 200 millions pour les métissés rose et gris. Y'a intérêt à faire gaffe où l'on marche pour éviter un coup de corne ou bien de se faire marcher dessus par leurs lourds sabots. On s'est ensuite dirigé vers les étals de cochons, de véritables étalages de porcs saucissonnés sur des rondins de bambous. Ce spectacle peut facilement créer une forme de malaise à la vue de ces bêtes alignées en rang d'oignons, laissant apparaître souffrance et douleurs infligées.
Une rencontre fortuite plus tôt dans la matinée au milieu des tomates va donner une note plus ludique à notre après-midi. Jacob est guide touristique, et pour compléter son activité, il loue un local qu'il utilise de jour pour enseigner l'anglais à des enfants, et de nuit pour dormir. Il sollicite 1h de notre temps pour l'accompagner en classe et faire pratiquer l'anglais aux élèves. De prime abord je me suis dit que c'était encore un de ces plans pas sérieux, où il s'agit d'aller voir ses propres enfants, bref j'étais pas très chaude mais Laurent l'a senti autrement et il a eu raison. On s'est donc retrouvé à 14h, à suivre Jacob sur un sentier un peu douteux entre des maisons de bois et des élevages de cochons, pour arriver dans une classe avec 2 longues tables en bois et un tableau au mur, simple et efficace. Une dizaine d'élèves entre 6 et 13 ans nous ont accueilli chaleureusement de leurs voix à l'unisson: "Good afternoon Madam, good afternoon Mister, thank you for coming today, we are happy to welcome you in our class."
On y sera finalement resté 2h à revoir avec eux les animaux, les couleurs, et on a même chanté un peu. Jacob était ravi, les enfants heureux, et nous super contents de s'être carrément prêté au jeu, à recommencer avec plaisir !
Avec ces journées bien chargées, on essaie tout de même de trouver le temps de planifier la suite de notre voyage, sur l'île de Sulawesi mais aussi modalités pour rejoindre par la suite le Vietnam. Petite escapade le temps de manger un morceaux et de se ravitailler en eau potable, et voilà que sur le chemin du retour on croise un, puis deux, puis trois hommes, avec un coq dans les bras... On observe de plus près ce qu'il se trame et en effet, c'est le week-end, et les hommes du coin se retrouvent pour organiser des combats de coqs ! Au milieu d'une certaine agitation, on pèse et on compare les coqs pour déterminer les duels, on voit s'échanger des liasses de billets, pendant que l'expert appose sur l'animal une sorte d'ergot en lame acérée, et les paris sont lancés ! En quelques minutes à peine, les coqs combattent sous les éclats de voix des spectateurs, les plumes volent, on distingue tout juste la forme des coqs dans les mouvements rapides du combat, jusqu'à ce que l'un des deux coqs soit blessé et contraint d'arrêter la lutte. Les billets de banques s'échangent à nouveau, l'agitation redescend et un nouveau duel se prépare. Décidément, les activités ne manquent pas au pays Toraja... Mais il est temps pour nous de refaire nos sacs (encore !), on repart le lendemain matin pour une dizaine d'heures de car en direction du lac Poso.
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